lundi 6 mai 2019

Cours d'éducation à la sexualité, l'imposition de la théorie du genre est cruciale...

« Un plateau de débats sans idées préconçues à Télé-Québec », c’est ainsi que Télé Québec vend son émission Zone Franche. Il faut saluer cette volonté de la part des producteurs de réunir des gens aux opinions tranchées et opposées sur un plateau pour débattre d’une question de société. C’est suffisamment rare au Québec pour être salué.

Sans idées préconçues ?

Ceci dit, nous ne sommes pas certains que le débat ait été présenté sans idées préconçues de la part des producteurs de l’émission. Les termes du débat sont plusieurs fois faussés. Prenons trois exemples.

1. C’est ainsi que Mme Isabelle Maréchal pose une question « Mais est-ce qu’on peut faire confiance à l’école ? » pour y répondre aussitôt positivement « Il faut ». Dans cette question, Mme Maréchal confond l’école, nullement en question comme institution nécessaire dans le monde (tout le monde est pour) et le ministère du Québec et ses programmes (tout le monde n’est pas pour...). Ainsi donc la présentatrice répond à sa propre question — sans idée préconçue bien sûr « parce qu’il faut donner une chance à l’école à un moment donné ». En parlant d’école plutôt que de ce programme, Mme Maréchal veut emporter l’approbation des spectateurs qui sont naturellement enclins à faire confiance en l’école de leur choix.

Mais pourquoi faire confiance dans ce programme particulier ? Nous ne faisons aucune confiance, nous n’avons aucune foi a priori dans les programmes moraux pondus par des experts ministériels. Aucune. Ils doivent mériter cette confiance.



C’est également sans idée préconçue, bien sûr, que la production présente le débat en ces termes :


2. Or la question n’est pas vraiment dans ce débat de savoir si « les cours d’éducation sexuelle ont leur place à l’école » (même sous Duplessis des prélats catholiques y souscrivaient). Ce n’est pas la question, car ces cours n’avaient jamais vraiment disparu, mais variaient d’une école à une autre, voir ci-dessous une capture d’écran du site du ministère en janvier 2017 qui nous le rappelait. Il s’agit plutôt de savoir si CE programme imposé par le Monopole de l’éducation doit l’être dans toutes les écoles sous cette forme. Poser la question dans les termes « pour ou contre l’éducation sexuelle », c’est fausser le débat. C’est vouloir rallier le commun des spectateurs à la position du « oui, bien évidemment » et de mettre la table en de tels termes que ceux qui s’opposent à CE programme d’éducation à la sexualité passent pour des olibrius attardés.


3. L’idée qu’il y a un rapport entre la fin des cours de formation personnelle et sociale (mais pas la fin de cours sur la sexualité, rappelons-le) et l’augmentation des infections transmises sexuellement est également une manière de fausser le débat par la production. Rien ne prouve qu’il y ait causalité. En effet, d’une part, il y avait encore des cours d’éducation à la sexualité (variables d’une école à l’autre) mais, d’autre part, il y a eu une recrudescence des IST dans les pays occidentaux ces dernières années sans qu’il y ait eu de changement dans l’éducation à la sexualité (États-Unis, Suède, Pays-Bas). Voir aussi Le cours d’éducation sexuelle ontarien évite-t-il l’augmentation du nombre de maladies vénériennes ?

Cette présentation d’un lien entre la fin (partielle) de l’éducation à la sexualité et hausse des IST ressemble à une autre grosse ficelle pour imposer l’idée de la nécessité de ce programme particulier.

L’émission en entier est ici.

Quelques extraits 


1. Inadmissible que les valeurs morales ou sexuelles des parents soient respectées et que les parents puissent soustraire leur enfant à des portions du cours, selon l’enseignant de secondaire V, Martin Dubé. Bienvenue au Québec, terre de libertés, pour ceux qui pensent dans les clous du sexuellement correct progressiste. Notons que M. Dubé n’hésite pas à qualifier d’« homophobe » (aversion pathologique à l’homosexualité) un parent peu enthousiaste pour un cours sur « l’homosexualité » parce qu’il trouverait, par exemple, l’hétérosexualité plus normale que l’homosexualité, préférerait que ses enfants soient hétérosexuels, sans haïr les homosexuels, et qu’il s’opposerait à ce que les agents de l’État disent l’inverse à ses enfants (Voir ci-dessous lien sur le plan interministériel contre l’« hétérosexisme » du PLQ que la CAQ ne touchera bien sûr pas). Pour ce carnet, l’État n’a pas à imposer sa morale sexuelle et n’a pas à lutter contre l’hétérosexisme.



2. Pas de cours d’éducation à la sexualité à part, il sera diffus, saupoudré dans les autres matières. Pas d’examen, mais on pourra aborder la sexualité en français, de déclarer béate une partisane du cours, dans des textes argumentatifs... Plus de classiques de la littérature, mais subtilement (ou non) du sexuellement correct partout ? Dans la pratique, les parents qui s’opposent à des portions du cours ne sauront donc pas quand retirer leurs enfants.



3. La Théorie du genre est un cheval de Troie de ce programme déclare Me Jean-Yves Côté. Cela inquiète de nombreux parents. Lili Boisvert, activiste progressiste qui fait des capsules militantes sur Télé-Québec (voir cette vidéo navrante payée avec vos impôts) essaie d’abord de ridiculiser l’idée, de ne pas comprendre le lien avec le cours ou de ne pas comprendre le scandale. Nesrine Bessaïh, partisane du cours, elle, a très bien compris le rapport et insiste que c’est un sujet essentiel du programme, car il touche à ce que vivraient les enfants, ce serait selon elle au centre des problèmes des élèves. À savoir la pression vers des rôles et des comportements stéréotypés masculins et féminins. Rappelons que c’est écrit noir sur blanc dans le programme : lutter contre « les effets nuisibles [sic] des versions traditionnelles » des rôles sexuels. La vie privée, l’intimité est maintenant du ressort de l’État. Un garçon plus petit, plus frêle qu’un autre se fait traiter d’efféminé... Vite ! Une dose de théorie du genre par un agent de l’État. Tu seras « queer » ou « bispirituel », les options sont infinies, fluides. Peu importe si l’adolescent a un simple retard de croissance. L’État doit intervenir. Et s’il est gros, laid ? Que fera l’État de plus qu’apprendre la courtoisie et l’amabilité aux enfants ? Développer tout un programme scolaire ?




Me Jean-Yves Côté fait référence à ce dessin (une infinités de genres, de sexes, d'orientations) :



Zemmour rappelait déjà que les programmes scolaires socialistes en France (ce sont politiquement ceux de la CAQ au Québec, avec plus d’insistance sur les connaissances en France) parlaient aussi de « lutter contre les stéréotypes sexuels ». C’est le nouveau vocable de la novlangue de gauche pour remplacer la « théorie du genre ».




Pour aller plus loin (en anglais), selon le professeur de psychologie Jordan Peterson dire que l’identité de genre est indépendante du sexe biologique est faux, c’est un non-sens. Les données scientifiques sont très claires, irréfutables, c’est aussi faux que de dire que la Terre est plate. Ceci ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des femmes masculines et des hommes efféminés. Mais même si l’identité de genre n'était qu'une convention, purement performative, il faut que le reste de la société sache comment répondre à cette identité et cela n’est pas purement subjectif, cela nous est imposé par les autres. Vouloir choisir parmi une infinité d’identités de genre est la recette pour être complètement aliéné. Et vouloir imposer sa propre définition, sa propre identité de genre unique et originale (puisque les choix sont infinis) est une manière de dominer les autres, c’est foncièrement narcissique. De nombreux transgenres ont contacté le prof. Peterson.  Les militants autodésignés du « genre » ont rendu la vie de ces personnes nettement plus difficile. Ces personnes qui ont effectué leur transition aspirent surtout à passer inaperçues et à adopter une identité stéréotypée. Le militantisme LGBTQ les gênent dans ce désir.



Quelques remarques sur la captation

Un échange intéressant entre Rébecca Thérien et la sexologue a été coupé au montage. En substance, interrogée sur sa connaissance du dossier et si elle avait tout lu, Mme Thérien a répondu qu’elle avait lu tout ce qu’il y avait de disponible sur le site du ministère. À quoi la sexologue lui a répondu qu’elle n’avait pas pu tout lire puisque certains documents qui fondaient le programme n’étaient disponibles qu’aux personnes dûment habilitées.  Mme Thérien a conclu qu’on demandait aux parents de faire confiance à l’État qui imposait ce programme, mais que celui-ci leur interdisait dans un manque de transparence évident l’accès à tous les documents...

Selon des personnes dans l’audience, une bonne part du public était constitué d’étudiants en sexologie et en communications de l’UQAM. Cela expliquerait certains applaudissements visiblement partisans, par exemple quand Lili Boisvert intervient lors de la discussion sur la théorie du genre. Beaucoup d’applaudissements partisans ont cependant été coupés au montage.

Urbania qui produit cette émission produit aussi Sexplora, émission animée par Lili Boisvert qui apparaît dans la vidéo sur la théorie du genre. Urbania se dit « Anti-conformiste, curieux, irrévérencieux ». Les émissions de Mme Boisvert nous semblent pourtant très conformistes et prévisibles de la part de cercles qui se veulent progressistes, modernes et féministes.

Voir aussi

Programme d’éducation à la sexualité du Québec : lutter contre « les effets nuisibles des versions traditionnelles » des rôles sexuels

Détourner la lutte contre l’intimidation et intimider les hétérosexistes 

Pas de classiques de la littérature, mais la lutte contre l’hétérosexisme en classe de français, d’anglais, d’histoire et de mathématiques



Billet originel du 30 avril

Cours d’éducation à la sexualité du Monopole de l’Éducation du Québec

L’entrée en vigueur du nouveau programme québécois d’éducation à la sexualité crée de la résistance.

Depuis septembre 2018, une formation sur différents aspects de la sexualité et à la théorie du genre est imposée à près d’un million de jeunes des niveaux primaire et secondaire au Québec. Une fois de plus aucune échappatoire... Le Premier ministre Legault (que certains prétendent conservateur) a brutalement fermé la porte à toute forme de contestation.

Pourtant, pour des groupes de parents inquiets et des organisations religieuses, la question n’est pas réglée. Ce programme d’éducation à la sexualité particulier doit-il être imposé à tous les élèves ?

Invités

• Jean-Yves Côté, avocat à l’Association des parents catholiques du Québec
• Martin Dubé, professeur en secondaire 5
• Israël Poulin, père de famille opposé au programme d’éducation à la sexualité
• Nesrine Bessaïh, présidente de la Fédération du Québec pour la planification des naissances
• Rébecca Thérien, mère de famille opposée au programme d’éducation à la sexualité chez les tout-petits
• Lili Boisvert, militante féministe qui fait aussi des capsules pour Télé-Québec, elle anime l’émission Sexplora, produite par Urbania.
• Julie Lemay, sexologue M.A. à la commission scolaire des Patriotes
• Célestine Uhde, élève de secondaire 5

Un peu d’amalgames bien orientés de la part des producteurs

Les producteurs insinuent sournoisement dans leur communiqué annonçant cette émission : « selon le ministère de la Santé, les cas d’infections transmises sexuellement ont augmenté depuis 2002, soit peu de temps après l’abolition du programme de formation personnelle et sociale. »

L’ennui c’est que les infections transmises sexuellement ont augmenté un peu partout en Occident ces dernières années sans qu’on y ait aboli les cours d’éducation sexuelle (voir liens ci-dessous). Voyons si la production de l’émission osera ressortir cet amalgame simpliste lors de la diffusion de l’émission.

Voir aussi

L’absence de nouveau programme d’éducation sexuelle explique-t-elle la hausse des MST ?

Programme d’éducation à la sexualité du Québec : lutter contre « les effets nuisibles des versions traditionnelles » des rôles sexuels

Éducation à la sexualité : « les craintes des parents sont légitimes » (Ce texte aurait mené à l’exclusion de la professeure Nadia El-Mabrouk d’un colloque syndical à cause de ses positions sur la laïcité et l’éducation à la sexualité.)

Le cours d’éducation sexuelle ontarien évite-t-il l’augmentation du nombre de maladies vénériennes ?





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